J'ai survécu

Je viens de finir mon dernier traitement. J'imaginai l'horreur, l'enfermement, l'éloignement de ma famille... Et si ça durait plus longtemps ? Si rien ne se passait comme prévu ? 
J'ai vraiment angoissé. Soyons honnête, même si ce dernier c'est bien passé, j'ai quand même eu besoin, d'un petit cachet tous les soirs pour m'endormir ! 

  Le début du mois de mars était plutôt compliqué. Quand j'ai débarqué à l'hôpital j'étais blindé. Je ne pensais pas à mes proches qui étaient loin. J'ai résisté. Puis, les heures passaient, les infirmières passaient de moins en moins dans ma chambre, j'étais seule dans cet énorme chambre double. Et j'ai craqué. 
J'ai bien passé trois jours, entre les larmes, les angoisses et la solitude.  
J'ai eu peur de ce nouveau traitement. Cette chimio qui était plus puissante que les autres, qui passait jour et nuit dans mes veines. 
Pendant trois jours , j'étais en dépression.  Un matin, je suis tombée sur une aide soignante, qui a pris sur sa pause pour parler. Elle m'a fait prendre l'air. Et surtout, elle m'a fait prendre conscience que, je n'était pas seule dans le service. J'ai rencontré grâce à elle, un jeune homme de 19 ans et une jeune femme de 20 ans. Depuis, on a été le petit trio de perchés qui se baladais dans le service. 
Une fois on était dans la salle d'attente, et on y passait la soirée à regarder la télé. Quand un était coincé dans sa chambre, les autres passaient papoter. On se baladait dans l'hôpital comme si, balader nos perches et nos chimio, était normal. On croisait d'autres personnes. On discutait avec elles, puis on les re-croisaient dans la journée, comme si, on se baladaient tous autour d'un  lac et qu'à chaque tour, on se reconnaissaient. 
Une sorte de normalité improbable, qui est devenu un quotidien.  L'hôpital est devenu un microcosme :On était trois, et on menait nos petites vies d'habitant, de ce village où les commerçant sont remplacés par l'équipe soignante, et les habitants par les malades.   Le midi, on s'envoyaient des messages pour savoir ce qu'on mangeaient ou pour comparer nos prises de sang : 
                            " Coucou Poulet ! alors t'a quoi dans ton plateau aujourd'hui ? et tes globules blancs , ils remontent ?"  

     La consolidation par Autogreffe, c'est bien passée. Contre toute attente, mon corps a assez bien supporté le traitement. Il n'y a que la première poche qui est mal passée ( une des moins "forte") 

 Pendant la greffe, une infirmière est là. L'écoulement de la poche dure entre quinze et vingt minutes. Pendant, j'ai eu un petit gout dans la bouche... Un petit gout d'oeuf-vinaigrette. Ce qu'ils avaient oubliés de me dire, c'est qu"il ne fallait pas manger avant la greffe. La poche est arrivée vers 13H. Autant vous dire que j'avais FAIM. 
 Après on attends que la moelle osseuse se détruise.  J'ai changé de chambre pour que je puisse faire l'aplasie seule. 
Je suis tombée en aplasie deux jours après la greffe. ( Pour un petit rappel temporel , je suis rentrée le 2 mars, et l'aplasie est tombée le 10 mars). Je suis restée treize jours coincée dans cette chambre. Mais, ça n'a pas été desagréable. J'avais de la visite tous les jours : mes copines qui sont à la fac, qui restaient jusqu'à 22heures dans ma chambre, ma famille qui venait tous les dimanche, mon frère venait autant de fois qu'il le pouvait  et surtout, ma copine Sally, en rémission depuis octobre, qui a pris son billet de train depuis Paris pour venir me voir. Un vrai bonheur !  

Bien sûr aprés un traitement pareil on fatigue. Mais le pire du pire la dedans, c'est que la perche à perfusion deviens un sapin de noël , à cause des pompes qu'ils nous rajoutent : anti-douleur, antibiotiques ... au total j'avais six pompes accrochées à ma perche. Il y avait du papier aluminium sur les pompes pour cacher la lumière , la nuit. Encore si il y avait que la lumière... Mais c'est que ces petites bêtes , sa sonne aussi !! 

Je suis sortie le 22 mars ... un peu de force : 
                    "Mademoiselle Thomas, on va peut être vous perfusée, les plaquettes sont basses."  
Sauf que j'avais déjà appelé mon Vsl pour midi. ( Ils sont passés , il était  déjà 11h30... Il fallait passer avant, c'est tout, donc ils ont été un peu obligé de me laisser sortir sans transfusion)  
Quand on sors d'aplasie , la seule chose qu'on veut c'est sortir. Même si le séjour c'est bien passé.  

   Maintenant je suis chez moi. J'ai retrouvé ma famille, mon lit. Mais pas ma forme. Le moindre effort me rappelle que, j'ai eu des muscles et que je les ai négligé à rester allongé à regarder la télévision. Je m’essouffle vite et je ne m'attends pas à avoir des prises de sang impeccables. 
Mais je sais que c'est fini. C'était ma dernière ligne droite. J'ai déjà les dates des prochains contrôles.  
Je m'occupe à retrouver ma forme. Niveau appétit, j'ai des crises de boulimies et, il y a  d'autres jours ou je ne mange pas beaucoup. ( Ma mère sous pression depuis neuf mois, rigole bien pendant ma convalescence)



Voilà la petite photo de Sally , le petit ange et moi :notre première rencontre en vrai <3 

Commentaires

Articles les plus consultés